[RP] une journée à l'auberge

La porte de l'auberge s'ouvra silencieusement sur une silhouette encapuchonnée basse. Etait-ce un nain, un gnome, ou un gobelin qui entrait ainsi au milieu des fiers membres de la Horde ?

Non, à mieux y regarder, la silhouette était assise sur un drôle de fauteuil pourvu de roues que la personne dessus faisait tourner à la force de ses bras. Le long du dossier, pointait de façon menaçante le pommeau d'une épée à deux mains dont le blason sur la garde ne laissait aucun doute sur l'identité de la personne : Sherlyndrea Caladon était sortie du palais de Xoroth en catimini, bien qu'elle se doutait qu'une paire d'yeux qui la couvait autant par amour que par soucis avait bien dû la voir, pour se rendre en ville et espérer ainsi croiser ses amis.

Vêtue des vêtements de cuir d'une forestière sombre, elle harangua l'aubergiste :

-Holà aubergiste ! Du vin et du bon !

Sheryndrea avait vu entrer l'elfe, voyant le blason, elle ne put retenir un sourire ironique :

* c'est comme la confiture, moins on en a...*

Très vite,elle vit que l'homme la fixait, il était temps de faire montre de sociabilité même si elle n'était pas trop douée pour ça.

Elle leva sa coupe de vin et lui souriant, fit mine de porter un toast en sa direction, le plus aimablement possible.

Sherlyndrea serra la main en souriant :

-Sherlyndrea Caladon, de la maison Coursevent.

Elle accentua son sourire :

-Les femmes combattantes rarees ? Vous vous méprenez monsieur, parmi les elfes, l'art martial est l'affaire de tous, hommes ou femmes.

Elle continuait de sourire avec politesse, retrouvant les gestes de son enfance, l'art de l'étiquette.

-Mmmm ... Coursevent ... Vous avez des liens de parenté avec Sylvanas , Vereesa ? Ou même encore Sylvos ?
Je suis d'accord avec vous pour l'art martial , c'est une affaire de tous .

Sherlyndrea le regarda avec un éclair dans les yeux :

-Lorsqu'on est poli et que l'on parle de nobles dames, on précède leur nom du titre "Dame". Croyez moi que si je n'étais pas dans ce fauteuil, je vous aurais déjà demandé raison pour vos propos inconvenants, comme il sied à la première lige de Dame Sylvanas.

Suivant des yeux le regard de l'homme, elle eut un sourire :

-La bataille en question était un duel contre un démon retors. Un de ces duels dont on ne ressort jamais indemne. Quand à savoir si elles re-fonctionneront, je ne suis pas médecin mais je sais une chose, mon mentor m'a appris à ne jamais baisser les bras.

Elle détailla le blason avec un sourire ironique :

- A vous voir étaler ainsi vos noms et qualités, j'ai l'impression de voir un jeune forestier ayant peu d'assurance et se sentant obligé de clamer ses hauts-faits pour se rassurer. Ne vous a-t-on jamais dit que les plus grands guerriers sont aussi les plus modestes ?

Son regard couleur océan ne quittait pas la personne devant elle :

-Que vous soyez un "vieil" ami ne vous dispense pas des formules de politesses comme "dame". Je ne sais pas où vous avez été élevé mais pour ma part, on m'a toujours appris que même en privé, on donnait son titre à une personne exerçant le pouvoir sous peine de paraître discourtois voir irrévérencieux. Quand à vous connaître, bien qu'étant l'amie d'enfance de Ma Dame, non, elle ne m'a jamais parlé de vous.

Elle prit le verre que l'aubergiste venait de déposer et admira la robe du vin en connaisseuse :

-Je vous conseillerais fortement d'apprendre la politesse si vous voulez rester dans les bonnes grâces des gens de pouvoir, sinon, vos amitiés ne dureront pas. Surtout avec Ma Dame...

ayant dit cela, elle but une gorgée de vin et grimaça avant de se tourner vers l'aubergiste :

-Je croyais avoir été claire ! Je voulais votre meilleur vin !

Son ton avait claqué sec avec cette intonation caractéristique des nobles s'adressant aux roturiers.
L'aubergiste approcha et changea prestement le verre en bafouillant des excuses confuses.

Sherlyndrea goûta son vin et le trouvant bon, elle leva son verre en direction de l'aubergiste avec un sourire satisfait, puis salua de même se "nounous" envoyés par Orinia :

-Je dis cela pour votre santé notez : "tout manquement à la loi sera puni d'extermination" comme disent les gardes arcaniques de la ville.

Son visage se détendit un peu et l'air glacé quitta ses yeux :

-Ce sont mes années de service auprès de Dame Sylvanas qui m'ont appris toutes ses subtilités, je vous rassure. Et même pour moi, cela n'a pas toujours été simple à appréhender, surtout depuis mon retour...

Sherlyndrea sourit à la dernière remarque de l'homme :

-Je n'y avais jamais pensé à celle-là...

Elle ne put réprimer un fou rire à l'image qui lui traversa la tête. Elle s'étonna elle-même à pouvoir ainsi plaisanter de cette période sombre de sa vie et en conclut alors qu'elle avait enfin commencé à tourner la page.

Entre deux hoquets de rires, elle répondit :

-J'imaginais les goules que je commandais à une époque faisant preuve de politesse envers l'ennemi. Genre une voix gutturale : "avec toutes mes excuses messire" avant d'assener de grands coups au soldat de la Croisade Ecarlate...

Elle tenta de se calmer pour retrouver sa dignité et son sang-froid puis reprit dune voix calme et flûtée :

-Il est vrai que certains adversaires méritent d'être traité avec honneur et respect. Après tout, ils sont civilisés comme nous.

Son visage se ferma :

-Les hommes nous ont abandonné à notre sort face au Fléau... Nombre des quel'dorei ont donné leur vie pour la défense de la cité... En vain. Ma Dame elle-même fut tué sous mes yeux et moi...

Elle serra le poing en proie à la colère et la lame fixée à son fauteuil se mit à vibrer en harmonie avec ses sentiments.

-Mais cela est le passé... Désormais, je dois vivre dans le présent et pour l'avenir.

Jièl tourna discrètement l'œil vers la lame bourdonnante .

- Nous étions seul et de plus Kael Thas qui fut pris de folie ... Passons . Cette lame que vous avez , je peut la voir ?

-Destinée ? Bien sûr.

Elle attrapa l'épée qu'elle sortit d'une main du fourreau sans sembler forcer, comme si l'arme était faite pour son bras.

La lame semblait de bonne facture avec une poignée décorée avec goût mais sans fioritures, ni envie d'en montrer. Une arme fonctionnelle.

-Elle me suit depuis qu'elle m'a été offerte par un ami très cher. Elle est comme ma vie.

Sherlyndrea eut un petit sourire, de ces petits sourires dont elle avait le secret :

-Mais, je ne lui ai pas donné de nom. Destinée est le nom de l'entité emprisonnée en elle, l'entité du Destin.

Elle avait un regard amusé en continuant :

-J'appartiens à l'ordre des Artémanciens, ordre désormais disparu et dont je doit être la dernière représentante... Chaque Artémancien capture et lie dans un artefact une entité dangereuse qui lui prêtera son pouvoir. Destinée est mon artefact.